Mardi 12 janvier 2010 à 15:34

Les victimes sont des jeunes filles naïves, un peu <<fleur bleue>> comme je l'étais. Des filles qui tombent terriblement amoureuses d'un petit caïd, comme le fut Jaïd, et qui se retrouvent, à cause de cela, avec une réputation de <<fille facile>>, de <<fille à cave>>. Dans les cités ou dans les quartiers chauds, le machisme traditionnel de la maison est descendu dans la rue. C'est devenu la loi de la cité. Les garçons et les filles ne se mélangent pas. Les amitiés, les flirts existent difficilement. D'un côté les garçons passent leur journée, désoeuvrés, à <<tenir les murs>> comme on dit chez nous. Ca commère, ça rigole, ça chambre en bas de la cité.
Quand aux filles, il y en a deux sortes : les filles <<bien>> et les <<taspés>>. Les filles <<bien>> sont à la maison, font le ménage, s'occupent de leurs frères et soeurs et ne sortent que pour aller à l'école. On les respecte parce que <<grand frère>> ou parce que <<sort pas>>. Ces filles ne peuvent s'émanciper que par le savoir, la fuite ou le mensonge. Et puis, il y a les autres : celles qui traînent dehors comme les garçons, les p'tites cailleras. Celles qui, comme moi, bravent les interdits parce qu'elles se maquillent, vont en boîte et fument. Il n'y a là rien de répréhensible, mais c'est suffisant pour faire une réputation de <<fille facile>>, de <<fille à cave>>, de <<petite salope>>.


Extrait de "Dans l'enfer des tournantes" de Samira Bellil. Chapitre 4 : Filles à cave

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