Mardi 13 septembre 2011 à 16:12

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Talons plats et tenue noire, Sylvia Jeanjacquot a teint ses cheveux mi-longs en blond pour se démarquer de la «belle Italienne» brune du gangster, comme la presse l’a surnommée. A 57 ans, cette dame à l’air sage, voyante à ses heures, avance à petits pas, s’accroche à la rampe des escaliers et s’agrippe au sac de Roméo. Elle a remplacé Fripouille, le caniche abricot tué le même jour que son homme, porte de Clignancourt à Paris par les flics de l’antigang. C’était le 2 novembre 1979, le jour de son anniversaire. Au lieu du rendez-vous à Marly-le-Roi (Yvelines) avec le décorateur de l’appartement que«Jacques» lui achetait «pour [la] mettre à l’abri», puis du dîner aux chandelles pour ses 28 ans, Sylvia Jeanjacquot a encaissé sept balles policières, a perdu son amoureux et son chien, son œil gauche et son os du poignet droit. Elle savait bien que l’alliance en diamants offerte lui «porterait malheur» car «je suis superstitieuse», mais avec «l’ennemi public», on ne discute pas. Elle n’a pas eu le temps de l’épouser, comme prévu, «en braquant le maire du VIIIe arrondissement, en jean et baskets pour courir».

Sylvia Jeanjacquot ne regrette rien de ces dix-huit mois de clandestinité passés aux côtés de Jacques Mesrine : «J’ai suivi l’homme que j’aimais jusqu’au bout.» Gardienne de sa mémoire, elle n’entend «pas le glorifier», mais son Mesrine ne correspond pas à ses yeux au personnage incarné par Vincent Cassel dans le diptyquede Jean-François Richet : «On nous fait passer pour deux loques humaines qui picolent et font l’amour tout le temps, et pour deux hystériques. Cassel est trop énorme. Jacques était massif, mais pas aussi gros. Ils le font fumer et se promener la bidoche à l’air. Or, dans la vie intime, l’ennemi public était pudique et portait un pyjama boutonné jusqu’en haut.» Elle ne supporte pas plus de se voir incarnée par Ludivine Sagnier : «Je ne suis pas cette petite chose fragile.» Elle en veut au producteur Thomas Langmann, qui lui a «proposé seulement 20 000 euros payables en deux ans» pour acheter les droits d’adaptation de son livre publié en 1988,l’Instinct de vie. En écho à l’Instinct de mort de son défunt braqueur. Elle a refusé, puis a exigé de visionner le film au nom du «respect de l’intimité de la vie privée».Elle ne mâche pas ses mots à l’égard de Charlie Bauer, dernier complice de Mesrine et conseiller technique sur le film : «Il était à la rue, à moitié clochard quand il a connu Jacques, deux mois avant sa mort. Contrairement à son personnage dans le film, Bauer était comme une carpette face à Jacques. Je l’ai vu baisser la tête et ne pas moufter.» Intarissable, Sylvia Jeanjacquot peste aussi contre les anciens flics ou voyous qui «salissent» Mesrine à l’instar de son ex-associé «Porte-Avions» : «Je serais un mec, je lui en collerais une. Jacques n’était pas un ange mais il était généreux et courageux.» En tant que dernière compagne de Mesrine, elle croit le connaître mieux que tout le monde.

Barmaid dans un bar à hôtesses de Pigalle, Sylvia Jeanjacquot n’avait «jamais entendu parler de Jacques Mesrine» lorsqu’elle l’a rencontré au comptoir en juin 1978, «en bleu de travail, casquette et salopette, cheveux rouquins et calvitie» . «Aucune fille ne voulait lui tenir compagnie. Il est resté au bar. J’ai discuté avec lui, je l’ai trouvé très galant et observateur.» La voilà séduite par ce «je ne sais quoi de Jean Gabin dans son accent gouailleur et parisien», selon ses mots dans l’Instinct de vie. Il revient tous les jours pendant un mois. Il s’appelle soi-disant Pierre et bosse dans le BTP. Un dimanche de juillet, il l’emmène sur sa «grosse moto Honda 750 dans un petit zoo» et essaie de savoir si elle a des doutes : «Tu suis les nouvelles ? As-tu entendu parler d’un évadé ?» Elle répond «vaguement, oui» mais ne sait rien, en fait. Il se prétend alors avocat : «Je faisais ça pour tester tes sentiments», explique-t-il. Elle sent bien qu’il y a un mystère derrière cet homme : «Tu n’as pas l’air d’un avocat non plus.»Il l’affranchit dans un petit hôtel : «Je suis Jacques Mesrine.» Elle, désolée : «Je ne vois pas qui c’est…» Il veut qu’elle soit de la cavale. Elle hésite. Il l’emmène dans sa planque passage Charles-Albert (XVIIIearrondissement), «un studio cracra, pourri» et lui montre «une pile de coupures de journaux. Lis ça, je veux que tu prennes conscience de ce que j’ai fait avant de te décider».Elle survole les articles : «Il m’a fait lire aussi l’Instinct de mort. Ça ne m’a pas plu. Je n’aimais pas ce personnage.»

Fille aînée de commerçants de Pavillon-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Sylvia Jeanjacquot n’est ni une sainte-nitouche ni une potiche. Après l’école qu’elle a quittée à 16 ans sans le brevet, elle a été vendeuse de sous-vêtements féminins jusqu’à 21 ans, puis a eu «un mode de vie un peu marginal», dit-elle pudiquement. Elle a été prostituée et casseuse aussi mais «ne veut pas parler de ces épisodes». Pas plus que de sa fille née en 1975 et élevée par ses parents. Elle dit juste : «Je ne débarque pas non plus quand je rencontre Jacques Mesrine. Venue du monde de la nuit, je connaissais les petits casseurs qui venaient fourguer manteaux de fourrure et bijoux volés aux filles du bar.» Elle a donc suivi Mesrine, alias «Bruno», dans sa fuite en Italie, au Maroc et à Londres, dans ses planques minables du XVIIIe à jouer au Mastermind, à dîner sur la table en formica des plats mijotés, à dormir sur un matelas en mousse et à regarder les infos télévisées«commentées par Jacques». Elle assure qu’elle n’a pas voulu jouer «à Bonnie and Clyde» avec «l’ennemi public». Elle l’a cependant accompagné jusque dans ses crimes - pas dans ses coups médiatiques -, mais le niera toujours, taiseuse comme une femme de truand : «J’ai été acquittée aux assises de complicité du kidnapping du milliardaire et relaxé de dix chefs d’inculpation, comme recel de malfaiteurs, détention d’armes, de faux papiers…» Elle a du cran. Elle n’a «jamais eu peur avec lui».«C’est le seul homme que je n’ai pas eu envie de quitter, mais on me l’a tué», dit-elle, émue.

Le «Jacques» qu’elle a connu était «charmant, attentionné, délicat». «Je ne l’ai jamais vu méchant, mais je l’ai vu commencer à s’énerver. Une fois, il a voulu balancer des grenades au Parisien à cause d’un article qui disait du mal de lui. J’essayais de le calmer. On est allé à pied la nuit du XVIIIe à Saint-Ouen [Seine-Saint-Denis, ndlr] et devant les locaux du journal, je lui ai dit qu’il n’allait quand même pas tuer un pauvre gardien. Il m’a écoutée.» Mesrine ne se séparait jamais de ces deux grenades qui ont été retrouvées sur le sol de sa BMW le jour où les flics l’ont abattu, dont l’une dégoupillée. «Jacques jouait avec sa grenade à la maison, il faisait mumuse, mais à force de la tripoter, la capsule s’est décrochée. Comme on les trimballait tout le temps, on a mis un élastique autour pour qu’elle ne nous pète pas au nez.» Selon elle, Mesrine préparait sa retraite en Italie et abandonnait même «la seconde remise de rançon de Pépé [le milliardaire] prévue le 21 novembre 1979». «Il en avait marre d’être l’ennemi public.»

Depuis, Sylvia Jeanjacquot a travaillé comme libraire, vendeuse. Elle tire les tarots pour ses amies, veut monter un cabinet de voyante. En couple depuis vingt ans avec un entrepreneur du bâtiment, elle apporte de temps en temps une plante à Mesrine sur sa tombe à Clichy (Hauts-de-Seine). Pas le jour de sa mort, à cause des photographes.

MON AVIS : J'ai beaucoup apprécié ce témoignage. Ca humanise vraiment Jacques Mesrine et ça sort des grands clichés des bandits. Je me suis laissée prendre au jeu. Je me suis mise à imaginer les perruques, etc.... Le jeu de cache cache avec la police. La pauvre Sylvia qui subit un peu tout ça juste parce qu'elle est tombée amoureuse. Par contre faut qu'on m'explique... ce livre et le film "sans armes, ni haine, ni violence" n'ont rien à voir donc ... J'ai nettement préféré le livre bien sûr ! 

INSTINCT DE VIE : ♥♥♥

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