Samedi 2 octobre 2010 à 10:46

-Mais alors, Jules, que feriez-vous pour faire le bien, accomplir le très bien ?
- Je ferais exactement ce que tu fais ! Je donnerais à ceux que je côtoie l'espoir de tout les possibles. Tu as inventé une chose merveilleuse tout à l'heure, sans même t'en rendre compte.
- Qu'est ce que j'ai fais ?
- En passant devant mon arche tu m'as souri. Un peu plus tard, ce détective qui vient souvent déjeuner par ici est passé en voiture, il m'a regardé avec son éternel air bougon. Nos regards se sont croisés, je lui ai confié ton sourire, et quand il est reparti, je l'ai vu, il le portait sur les lèvres. Alors, avec un peu d'espoir, il l'aura transmis à celui ou celle qu'il allait voir. Tu réalises maintenant ce que tu as fait ? Tu as inventé une sorte de vaccin contre l'instant de mal-être. Si tout le monde faisait cela, rien qu'une seule fois par jour, donner juste un sourire, imagines-tu l'incroyable contagion de bonheur qui filerait sur la terre ? Alors tu remporterais ton parti.


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- Eh bien, ça ne peut pas rester comme ça, on a toujours des plans quand on est deux !
- Et tu sors ça d'où ?
- C'est comme ça, il y a des images de bonheur que l'on a pas le droit de retoucher, tu colories mais tu dépasses pas le trait ! Alors un et un égalent deux, deux égale couple et couple égale projets, c'est ainsi et pas autrement !
Zofia éclata de rire. Le lait grimpa dans la casserole, elle le versa dans la tasse et remua lentement la poudre de chocolat.
- Tiens boit au lieu de dire des bêtises, dit-elle en apportant le breuvage fumant. Où as-tu vu un couple ?
- Tu es désolante ! Trois ans que je t'entends me parler de l'amour, et blablabla. Ils servent à quoi tes contes de fées si tu refuses le rôle de princesse dès le premier jour de tournage.
- Quelle métaphore romantique !
- Oui, eh bien, va métaphorer avec lui si ça ne te dérange pas ! Je te préviens que si tu ne fais rien, dès que cette jambe est réparée je te le pique sans vergogne.
- On verra. La situation n'est pas aussi simple qu'elle en a l'air.
- Tu en as déjà vu, toi, des histoires d'amour qui sont simples ? Zofia, je t'ai toujours vue seule, c'est toi qui me disais : <<Nous sommes seuls responsables de notre félicité>>, eh bien, ma vieille, ta félicité mesure dans les 1,85 m pour un petit 78 kilos de muscles, alors je t'en prie, ne passe surtout pas à côté du bonheur, c'est en dessous que ça se passe.
- Ah, c'est vraiment malin et délicat !
- Non, c'est pragmatique et je crois que <<félicité>> est en train de se réveiller, alors si tu pouvais aller le voir maintenant, parce que là vraiment j'aimerais que tu me fasses un peu d'air, allez, dégage de ton salon, ouste !

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- J'ai peur, Zofia ...
- Moi aussi. Laisse-moi t'emmener dans mon monde, j'y guiderai chacun de tes pas, j'apprendrai tes réveils, j'inventerai tes nuits, je resterai près de toi. J'effacerai tous les destins tracés, recoudrai toutes les blessures. Tes jours de colère, je lierai tes mains dans ton dos pour que tu ne te fasses pas mal, je collerai ma bouche à la tienne pour étouffer tes cris et rien ne sera plus jamais pareil, et si tu es seul nous serons seuls à deux.
Il la prit dans ses bras, effleura sa joue et caressa son oreille du timbre grave de sa voix.
-Si tu savais tous les chemins que j'ai employés pour arriver à toi. Je ne savais pas, Zofia, je me suis trompé si souvent, et j'ai recommencé à chaque fois avec plus de joie encore, plus de fierté. Je voudrais que notre temps s'arrête pour pouvoir le vivre, te découvrir et t'aimer comme tu le mérites, mais ce temps-là nous lie sans nous appartenir. Je suis d'une autre société où tout n'est que personne, tout n'est qu'unique ; je suis le mal, toi le bien, je suis ta différence, mais je crois que je t'aime, alors demande-moi ce que tu veux.
- Ta confiance.

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Zofia,
Je te regarde dormir et Dieu que tu es belle. Tu te retournes dans cette dernière nuit où tu frissonnes, je te serre contre moi, je pose mon manteau sur toi, j'aurais voulu pouvoir en mettre un sur tous tes hivers. Tes traits sont tranquilles, je caresse ta joue, et, pour la première fois de mon existence, je suis triste et heureux à la fois.
C'est la fin de notre moment, le début d'un souvenir qui durera pour moi l'éternité. Il y avait en chacun de nous tant d'accompli et tant d'inachevé quand nous étions réunis.
Je partirai au lever du jour, je m'éloignerai pas à pas, pour profiter encore de chaque seconde de toi, jusqu'à l'ultime instant. Je disparaïtrai derrière cet arbre pour me rendre à la raison du pire. En les laissant m'abattre, nous sonnerons la victoire des tiens et ils te pardonneront, quelles que soient les offenses. Rentre, mon amour, retourne dans cette maison qui est tienne et qui te va si bien. J'aurais voulu toucher les murs de ta demeure à l'odeur de sel, voir de tes fenêtres les matins qui se lèvent sur des horizons que je ne connais pas, mais dont je sais qu'ils sont les tiens. Tu as réussi l'impossible, tu as changé une part de moi. Je voudrais désormais que ton corps me recouvre et ne plus jamais avoir la lumière du monde autrement que par le prisme de tes yeux.
Là où tu n'existes pas, je n'existe plus. Nos mains ensemble en inventaient une à dix doigts ; la tienne en se posant sur moi devenait mienne, si justement que, lorsque tes yeux se fermaient, je m'endormais.
Ne sois pas triste, personne ne pourra voler nos souvenirs. Il me suffit désormais de fermer mes paupières pour te voir, cesser de respirer pour sentir ton odeur, me mettre face au vent pour deviner ton souffle. Alors écoute : où que je sois, je devinerai tes éclats de rire, je verrai les sourires dans tes yeux, j'entendrai les éclats de ta voix. Savoir simplement que tu es là quelque part sur cette terre sera, dans mon enfer, mon petit coin de paradis.
Tu es mon Bachert,
Je t'aime.
Lucas

Extraits de Sept jours pour une éternité de Marc Levy

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